Histoire, culture et francophonie autour du fleuve Fraser
Si la Colombie-Britannique attire des visiteurs du monde entier pour ses paysages fabuleux, ses grands espaces, son climat tempéré, et pour la diversité des activités de plein air qu’on peut y pratiquer, hiver comme été, c’est aussi une destination culturelle de premier choix.
En effet, la richesse de son patrimoine autochtone millénaire et les influences culturelles des générations successives qui s’y sont implantées depuis environ deux siècles, dont les pionniers francophones venus d’Europe et de l’est du Canada, enchanteront les amateurs d’histoire, de culture et d’expériences authentiques.
En choisissant ce circuit d’environ 470 km, vous partirez durant quatre jours à la recherche de cette histoire à partir de Vancouver et de l’embouchure du fleuve Fraser qui coule à travers une vallée luxuriante vers les gorges profondes et fascinantes qu’il a creusées au cours des siècles.
Saviez-vous par exemple que jusqu’en 1858, date de la première Ruée vers l’Or en Colombie-Britannique, jusqu’à 65% de la population de la province parlaient le français sur les sentiers « Ouest » de la traite des fourrures et dans les forts de la Compagnie de la Baie d’Hudson ?
À l’intérieur de ce circuit, les entreprises/organisations ci-dessous vous proposent des services en français :
Jour 1 : Vancouver
La matinée sera réservée à la visite du Parc Stanley, un des plus grands et des plus beaux parcs urbains d’Amérique du Nord, dont on peut faire le tour à pied ou en vélo le long de l’océan. Plusieurs attractions vous y attendent comme l’aquarium et un bel ensemble de mâts totémiques.
En fonction de votre temps, une autre attraction naturelle mérite une visite : le Parc Queen Elizabeth qui renferme un spécimen de toutes les espèces d’arbres qui poussent au Canada, et vous offre, dans un décor luxuriant, une merveilleuse vue panoramique sur la ville.
Pour les autres attractions de la ville, dites ” incontournables”, consultez notre brochure en ligne.
En fin de matinée, rendez-vous dans la Maison de la francophonie. Celle-ci abrite une dizaine d’associations, notamment la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique qui a publié un petit dépliant sur l’histoire des francophones en Colombie-Britannique, le Centre culturel francophone de Vancouver, qui organise chaque année de nombreuses activités dont le Festival d’été francophone de Vancouver en juin, et la salle des archives de la Société historique francophone de la Colombie-Britannique,
Suggestion pour le lunch : sur place, chez Café Salade de Fruits, un bon bistro français très sympathique, point de ralliement de la Communauté francophone.
En après-midi, départ pour une visite de Gawston et de ses environs, pour découvrir plusieurs bâtiments d’entreprises commerciales établies par des francophones il y a environ cent ans, dont l’hôtel Fortin, l’entreprise de plomberie Tellier, le Crédit Foncier franco-canadien, etc. Ensuite, visite de l’ancien quartier francophone Saint-Sacrement, dont le coeur était au coin des rue Heather et de la 16e Avenue appelée volontiers “Le 16e Arrondissement”, où régnait la joie de vivre…en français.
Allez ensuite vous balader sur l’Île Granville, une presqu’île vibrante au coeur de la ville où se côtoient locaux, artistes, artisans, musiciens, commerçants, étudiants et touristes. Avec ses beaux espaces verts, son marché public bien achalandé, ses restaurants gourmets, ses théâtres et ses studios d’artistes, c’est une attraction unique en-soi dans un amalgame d’anciennes usines et de bâtiments en tôle ressuscités.
Suggestion pour le dîner : le restaurant Salmon n’Bannock Bistro. C’est le seul restaurant de Vancouver qui propose des mets inspirés par les traditions culinaires authentiques des Amérindiens de la Côte Ouest. Par ailleurs, votre hôtesse se fera un plaisir de vous commenter en français les oeuvres d’artistes autochtones exposées sur les murs de la salle de restaurant.
Jour 2 : Vancouver – Mission – Durieu – Deroche – Harrison Mills – Hope
Petit déjeuner et départ pour la ville de Mission qui tient son nom de la Mission catholique Sainte Marie fondée en 1862 par le père Fouquet, un Oblat français. La route Nº7 empruntée suit le cours du fleuve Fraser dans une belle vallée bordée par la chaîne des Montagnes Côtières, à travers une région mi-agricole, mi-résidentielle appelée « le coeur vert » de la Colombie-Britannique.
À Mission, dans le Fraser River Heritage Regional Park, site de l’ancienne Mission, vous découvrirez à pied les ruines du cimetière des Oblats de Marie-Immaculée, celles de l’école résidentielle (1863) et la Grotte de Notre-Dame de Lourdes construite en 1894 sous la supervision de Mgr. Paul Durieu, un Oblat français qui devint le premier évêque catholique de New Westminster. La grotte actuelle est une reconstruction de 1998.
Reprise de la route vers l’est pour aller découvrir deux petits villages, jadis canadiens-français. On traverse d’abord Durieu, aujourd’hui connu sous le nom de Hatzic Prairie, dont un quartier était surnommé : «Frenchtown », là où s’établirent dès la fin du 19e siècle plus d’une trentaine de familles francophones comme fermiers et bûcherons . On y trouve les noms de Bouchir (ou Boucher), d’Amable Lagacé et de Louis Cloutier dont on peut voir la cabane originale au bord de la route.
Suggestion pour le lunch : Le restaurant Schitzelhaus à Dewdney, qui vous propose une cuisine allemande authentique.
Ensuite, visite à pied de Deroche, un village fondé vers 1860 par le Canadien français Joseph Deroche (ou Derocier) et son épouse “métisse canadienne” Marie Daneau, qui fut le foyer d’une vingtaine de familles canadiennes françaises jusqu’à la moitié du 20e siècle. Vous y découvrirez des vestiges du cimetière catholique, dont la pierre tombale de Joseph Deroche, un cimetière autochtone, et le site de l’ancienne propriété d’Amédée Tremblay, sur l’île qui porte toujours son nom : Tremblay Island.
Un peu plus loin, à Harrison Mills, situé près du confluent du fleuve Fraser et de la rivière Harrison, allez découvrir Kilby Historic Site et son magasin général, établi en 1906 le long de la voie ferrée du Canadian Pacific. Il propose une impressionnante collection de marchandises des années 1920/1930, un bureau de poste, et à l’étage, l’hôtel Manchester. À la fin du 19e siècle, des Québécois s’illustrèrent dans la région, comme Lévi Cartier et Félix Parent. Ce dernier, par exemple, s’occupa d’approvisionner les ouvriers qui travaillaient dans la région à la construction du Chemin de fer du Canadien Pacifique.
À l’extérieur du site, vous découvrirez au bord de la rivière Harrison deux beaux panneaux d’interprétation bilingue pour vous familiariser avec la faune terrestre et marine ambiante.
En fin d’après-midi, arrivée dans la ville de Hope, porte d’entrée vers l’intérieur de la province, située sur l’emplacement de Fort Hope, un poste important pour la traite des fourrures de la Compagnie de la Baie d’ Hudson, construit en 1848 avec l’aide d’un québécois, John Ovid Allard. La ville est nichée entre la chaînes des Montagnes Côtières et Cascade et réserve aux randonneurs et aux cyclistes de fantastiques expériences au milieu de paysages spectaculaires.
Une promenade avant le dîner dans le centre de Hope vous permettra de découvrir le long des rues et dans le parc Memorial Park l’attraction principale de la ville : plus de trente oeuvres en bois géantes réalisées par des artistes locaux et internationaux. Elles sont le résultat de compétitions annuelles et représentent des animaux de la faune locale ainsi que des personnages de la vie courante et des figures légendaires.
Jour 3 : Hope – Spuzzum – Boston Bar – Yale – Chilliwack
Ce matin, vous suivrez vers le nord le fleuve Fraser dont le cours devient de plus en plus impétueux le long de la route qui vous emmènera à travers des paysages magnifiques vers les gorges profondes et fascinantes qu’il a creusées au cours des siècles.
Sur le tronçon de la transcanadienne entre Yale et Boston Bar, vous traverserez sept tunnels dont les noms rappellent le passé. Un d’eux, le tunnel China Bar (commémorant les ouvriers chinois qui travaillèrent dans la région) fait 610 mètres. C’est un des plus longs en Amérique du Nord.
Au nord du village de Spuzzum, à hauteur de Alexandra Lodge, allez faire une belle promenade le long du Tikwalus Trail. C’est un sentier découvert grâce à la coopération des autochtones, qu’empruntèrent en 1848 environ 500 cavaliers de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui transportaient des fourrure et autres marchandises vers l’intérieur des terres. Après 1,5 km de marche au milieu d’une forêt luxuriante, vous aurez une vue surprenante sur le canyon du fleuve Fraser.
À quelques kilomètres de là, au sud de Boston Bar, se situe le site de Hell’s Gate Airtram d’où vous survolerez en téléphérique les eaux tumultueuses du fleuve Fraser dans les gorges d’un canyon, à 153 mètres de profondeur. En bas vous attend le site historique qui comprend de multiples attractions : un centre d’interprétation bilingue sur le cycle de reproduction des saumons, une attraction pour expérimenter le lavage de l’or à la batée, une terrasse d’observation et un pont suspendu permettant de découvrir une passe à saumons au fond du canyon.
N’oubliez surtout pas de jeter un coup d’oeil au panneau consacré à Jean Caux, dit Cataline, qui résume la vie de ce paqueteur français légendaire qui durant un demi-siècle à partir de 1858 parcourut la province avec son train de mules, depuis les eaux tranquilles du Fleuve Fraser jusqu’aux pentes vertigineuses de la région Cariboo.
L’histoire de Hell’s Gate « Les Portes de l’enfer » remonte à l’explorateur Simon Fraser qui en 1808 a relaté dans son journal ses impressions lors de la traversée du canyon, une prouesse qu’il accomplît au moyen d’échafaudages en compagnie de Canadiens français, avec l’aide des Amérindiens de la région qui leur servirent de guides. Lunch sur place au Simon’s Cafe.
Pour les amateurs de rafting, l’endroit est idéal pour une descente du fleuve à travers le canyon dont les eaux coulent à 28 km à l’heure dans un passage qui ne fait que 33 mètres de large !
Dans les environs figure le Tuckkwiowhum Village, un très beau site autochtone pour se familiariser avec la culture du peuple Nlaka’pamux. Il comporte plusieurs structures traditionnelles, dont une Longhouse et des tentes (teepee). La visite peut se faire librement ou, sur réservation, en compagnie d’un guide ou d’un conteur.
Reprise de la transcanadienne vers le sud avec un arrêt pour visiter Yale. Ce village fut en 1848 un important poste de traite des fourrures de la Cie de la Baie d’Hudson, un relais pour 30 000 pionniers en route pour la ruée vers l’or de 1858 en Colombie-Britannique, et le terminus pour la Côte Ouest du transport des marchandises en bateau à vapeur jusqu’en 1886, date marquant l’arrivée du chemin de fer.
Au Yale Historic Site vous découvrirez le cimetière des Pionniers, un des plus anciens de la province, le musée de la maison Creighton House datant de 1870 consacré à l’histoire de la région, et l’église historique St John the Divine. Construite en 1863, c’est la plus ancienne église anglicane de Colombie-Britannique sur son lieu d’origine.
Plusieurs francophones ont marqué l’histoire de Yale, comme par exemple John Ovid Allard, fondateur de Fort Yale en 1848, Jean Caux dit Cataline, François-Xavier Marmette impliqué dans la construction du premier chemin de fer de la CPR, et le Québécois Francis Jones Barnard qui y créa en 1865 une compagnie de diligences, la Barnard Express & Stage Line, qui transportait le courrier et l’or jusqu’à Barkerville.
Sur le site, vous pourrez vous procurer deux brochures en français, l’une sur le site historique en question et l’autre pour une promenade autoguidée de la ville.
Continuez la transcanadienne vers le sud. Vous arrivez ainsi en début de soirée à Chilliwack, petite ville agricole et centre de vacances populaire pour la pêche et le golf, qui s’appelait Centreville en 1883 !
Temps libre en ville, dîner et nuit à Chilliwack.
Jour 4 : Chilliwack - Abbotsford - Fort Langley - Maillardville
Après le petit déjeuner, reprise de la transcanadienne vers l’ouest en direction d’Abbotsford, avec un petit détour en route pour aller découvrir Clayburn Village, une « cité-ouvrière » fondée en 1905 par le propriétaire d’une briqueterie de réputation internationale. Durant votre promenade dans le village, vous verrez plusieurs bâtiments d’époque dont l’école (1907) qui renferme un petit musée, l’église (1912) et le magasin général (1912) qui est aujourd’hui un magasin de friandises et un salon de thé.
Entre Chilliwack et Abbotsford, la transcanadienne traverse la belle vallée fertile du fleuve Fraser, couverte de fermes d’élevage et de cultures, dont celle de la framboise, de la canneberge et du kiwi. Abbotsford, qui est d’ailleurs surnommée « la capitale de la framboise » est, avec environ 134 000 habitants, la plus grande ville du district régional de la vallée du Fraser, où, à la fin de la ruée vers l’or de 1858, revinrent s’installer de nombreux mineurs comme fermiers ou employés du chemin de fer.
Toujours à Abbotsford, vous pourrez aller découvrir la vie secrète des abeilles dans les ruches chez Campbells’s Gold Honey & Meadery qui propose des tours éducatifs en français de mai à août, et vend dans son magasin toute une série de produits dérivés du miel.
Votre arrêt suivant se situe à Fort Langley, un petit village touristique très prisé pour ses jolies boutiques et ses nombreux magasins d’antiquités, mais surtout pour le Lieu Historique national du Canada du Fort Langley, un poste de traite des fourrures construit en 1827 sur les bords du fleuve Fraser par la Compagnie de la Baie d’Hudson, pour faire du troc avec les Premères Nations de la Côte Ouest.
En ces temps-là, une tête de hache valait une peau de castor et quatre peaux de coyotes ! Parmi les employés du fort figuraient des Britanniques, des Hawaïens, des Amérindiens et de nombreux Canadiens français. À titre d’exemple, dans le registre des employés de 1828/1829, on trouve les noms suivants : Annance, Arquoitte, Boisvers, Farron, Pépin, Piette, Plamondon et Therrien !
En 1858, c’est au fort Langley que la Colombie-Britannique fut proclamée colonie de la Couronne par le représentant de la reine Victoria, James Douglas.
L’histoire et le rôle du Fort Langley dans l’évolution du pays sont présentés sur le site par des guides en costume d’époque faisant revivre le passé à travers des expositions et des reconstitutions historiques. Vous y verrez le forgeron et le tonnelier à l’oeuvre et vous pourrez même expérimenter le lavage de l’or à la batée ! Vous pourrez prendre votre lunch à l’intérieur du fort, au Café Full Barrell.
Reprenez la transcanadienne vers l’ouest en direction de Maillardville. C’est un quartier du district de Coquitlam, et aussi la plus ancienne communauté francophone à l’ouest des Rocheuses. Elle fut établie dès 1909 par un groupe de Canadiens français venus de l’est du pays avec leur famille pour travailler à la Fraser River Lumber Company, qui devint bientôt la plus grande scierie de l’Empire britannique (la Canadian Western Lumber Company).
Allez explorer à pied le Carré Heritage Square, site historique du patrimoine, dont plusieurs rues portent encore le nom des familles pionnières : Brunette, Cartier, Laval, Marmont, Therrien. Vous y découvrirez la petite gare de Fraser Mills où débarquèrent ces familles en 1909, un centre des arts et de la culture (la Place des Arts), le Mackin House Museum qui propose une exposition permanente sur l’histoire de Maillardville, et l’église Notre-Dame de Lourdes sur le Carré Laval.
Aujourd’hui, le patrimoine historique et culturel canadien français francophone de Maillardville est toujours vivant et est illustré par plusieurs activités culturelles dont le Festival du Bois qui se déroule tous les ans (fin février/début mars). Ce festival est organisé par la Société francophone de Maillardville dont la mission est de promouvoir, représenter et préserver les droits et les intérêts des Francophones de Maillardville et des environs et de maintenir la langue et la culture franco-canadienne vivantes.
Découvrez le programme de géocaching développé par la Société francophone de Maillardville Chaque cache vous en apprendra plus sur l’histoire des francophones de ce quartier de Coquitlam.
Retour à Vancouver en fin d’après-midi.
Et pour en savoir plus sur l’histoire des francophones en Colombie-Britannique, découvrez le nouveau site web de la Société historique francophone de la Colombie-britannique.