Histoire, Culture et Francophonie sur l’Île de Vancouver
L’Île de Vancouver est la plus grande île de la Côte Pacifique de l’Amérique du Nord (32 134 km²). Elle comprend la capitale de la Colombie-Britannique, Victoria, et témoigne d’un riche passé historique, alors que les Premières Nations y vivaient depuis des milliers d’années et que la Ruée vers l’Or de 1858 les entraîna, ainsi que les pionniers majoritairement francophones, vers des temps nouveaux.
Voici trois itinéraires dans la ville de Victoria, assortis d’une escapade le long de la côte est de l’île jusqu’à Duncan et Nanaimo, pour découvrir des sites, des lieux et des édifices du passé francophone, et pour constater la vitalité de la francophonie actuelle, et, à l’occasion, celle de la culture des Premières Nations.
Saviez-vous par exemple que jusqu’en 1858, près de 65% de la population d’origine européenne de Colombie-Britannique parlaient le français sur les sentiers « ouest » de la traite des fourrures et dans les forts de la Compagnie de la Baie d’Hudson ?
À l’intérieur de ce circuit, les entreprises/organisations ci-dessous vous proposent des services en français :
Jour 1 : Le centre-ville
Victoria est la plus ancienne cité de l’Ouest canadien, fondée en 1843 en tant que comptoir des fourrures de la Cie de la Baie d’Hudson. C’est aussi la ville la plus « British » du Canada, qui vous rappelle son passé colonial à travers de belles demeures de l’ère victorienne et édouardienne.
Que ce soit à pied, en vélo ou en bus à deux étages, il est facile de se déplacer dans la ville qui, de plus, jouit d’un des climats les plus doux au Canada.
Rendez-vous au Centre d’informations touristiques , 812 Wharf Street, au centre-ville, pour obtenir une carte de Victoria et autres documentations. D’ici, la vue sur le port intérieur (Inner Harbour), les édifices du Parlement et l’Empress Hôtel vous plonge directement dans l’Histoire de la « Cité fleurie ».
À quelques minutes de là, se trouve le lieu de rencontre de la francophonie de Victoria et du sud de l’ïle : La Société francophone de Victoria – 1218 Langley Street, qui organise régulièrement toutes sortes d’activités et d’évènements dont le fameux festival annuel de la francophonie. Vous pourrez vous y procurer le dépliant « Sur les traces de nos ancêtres » conçu et réalisé par l’Association historique francophone de Victoria (AHFV).
Ce dépliant, qui décrit en détail 16 lieux et édifices rappelant le passé francophone, est notre source d’informations principale, avec l’inventaire réalisé par la Société historique francophone de la Colombie-Britannique (SHFCB) pour les points d’intérêt hors de la capitale.
Une quinzaine de Canadiens français faisaient partie de l’équipe qui, en 1843, bâtit le Fort Victoria, poste de traite des fourrures de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Sa palissade nord longeait le sud de ce qui est actuellement Bastion Square. Le fort fut démoli en 1864.
Le projet de briques du Fort Victoria : Pour commémorer les pionniers et colons de Victoria, une double rangée de briques ont été insérées dans le trottoir ouest de la rue Government. Celles-ci portent le nom de nombreux pionniers, dont 56 pionniers français, belges, canadiens-français et métis francophones. Parmi ces noms : Joseph Allard, Léon Morel, le frère Joseph Michaud, le comte Paul de Garro, fondateur du journal « Le Courrier de la Nouvelle-Calédonie », Mgr. Modeste Demers, Arthur et Elia Robillard.
Dans le Centre de la Baie d’Hudson, du côté de la rue View, un mur ainsi que des éléments architecturaux de l’hôtel Driard (1892) ont été reconstruits en 1989. L’édifice fut acheté en 1871 par un Français, Sosthènes Driard, qui contribua en 1860 à la fondation de la Société de Bienfaisance et de Secours Mutuel. L’endroit est marqué d’une plaque commémorative près de l’ascenseur rue View.
La seconde cathédrale Saint Andrew fut construite en 1892. Ses plans néo-gothiques furent tracés par deux architectes de Montréal, Maurice Perrault et Albert Mesnard. Mgr Modeste Demers , premier missionnaire catholique de la C.-B., dont l’influence dans l’établissement des structures sociales de Victoria fut considérable, est enterré dans la crypte. Sa stèle commémorative est dans le jardin attenant.
Fondée en 1872, l’Académie Sainte-Anne a été pendant plus d’un siècle la maison-mère des Sœurs de Sainte-Anne. Couvent d’origine québécoise et école de réputation internationale pour jeunes filles, une visite de ce lieu, classé site du patrimoine national, vous rappellera la présence et l’influence des Canadiens français dans l’histoire de l’éducation en Colombie-Britannique à partir de la fin du 19e siècle. L’édifice et la chapelle, qui fut auparavant la première cathédrale catholique de la province, sont situés dans un beau parc en plein cœur de la ville. Sur place, un centre interprétatif et des panneaux bilingues agrémentent les visites guidées et autoguidées.
Juste en face de l’académie, l’ancien hôpital Saint-Joseph, édifice de style édouardien néo-classique ouvert en 1876, fait partie de l’œuvre missionnaire de la congrégation des Sœurs de Sainte-Anne. À l’hôpital fut ajoutée une école pour infirmières. Fermé en 1981, l’édifice est devenu une résidence à loyers abordables. En 2006, l’AHFV a installé une plaque commémorative sur un muret de l’aile de l’ancien hôpital.
Située dans le parc Thunderbird entourant le Royal BC Museum, cette humble maison fut construite dans les années 1840 par la Compagnie de la Baie d’Hudson. Achetée en 1853 par le Canadien-français Léon Morel, elle fut et vendue en 1854 à Mgr Modeste Demers pour quatre Sœurs et une accompagnatrice qui en firent, à leur arrivée du Québec en 1858, leur demeure ainsi que la première école pour les enfants des trappeurs canadiens-français et de leur compagne ou épouse autochtone, et pour les filles des employés de la Cie de la Baie d’Hudson.
Dans ce même Thunderbird Park, figurent de beaux mâts totémiques, ainsi qu’une Long House où l’on peut voir quelques fois, durant la saison, des artistes autochtones à l’œuvre.
Il nous semble impensable de quitter ce parc sans une visite du Royal BC Museum. Ce musée, qui renferme les archives de la province, est un « must » en la matière pour vous familiariser avec l’histoire naturelle de la province, son histoire humaine, dont celle des pionniers, et la culture des Premières Nations de la Côte Pacifique nord- ouest.
Un dernier édifice du centre-ville, rappelant le passé francophone, est à visiter dans la même rue, un peu plus à l’ouest :
Surnommée « Loretto Hall », la maison Pendray (1895), qui vient de réouvrir sous le nom de Pendray Inn & Tea House, fut acquise en 1939 par les Sœurs de Notre-Dame-des-Anges, une congrégation missionnaire originaire du Québec. On y trouve une magnifique salle de réception et de beaux jardins que louait régulièrement le Club canadien-français de Victoria pour y célébrer la Saint-Jean-Baptiste. En 1969, la maison dut fermer ses portes et réouvrit comme boutique hôtel en 1980. Une plaque commémorative posée à l’entrée du restaurant rappelle cette époque.
Jour 2 : Victoria est
On trouve d’autres traces du passage des francophones dans l’est de la ville, caractérisé par des quartiers huppés où rivalisent de somptueuses résidences.
Dans le jardin patrimonial du Royal Jubilée Hospital, vous verrez une plaque commémorative installée par l’Association historique francophone de Victoria, qui évoque la création de l’Hôpital français par la Société Française de Bienfaisance et de Secours Mutuel de Victoria, fondée en 1860 par des philanthropes français dont Jules Rueff et Sosthènes Driard. Cet hôpital fusionna avec le Royal Jubilee Hospital en 1890.
À côté du château Craigdarroch, le prieuré Saint-Joseph occupé par des Franciscains fut autrefois la maison d’Yvonne Fortin-Terrien qui entreprit d’organiser la communauté francophone de Victoria à partir de 1940. Cette maison était surnommée « Au Vieux Québec », et fut le centre de rencontres des francophones de Victoria. Yvonne Fortin-Terrien vit naître sous son égide le Club canadien-français de Victoria en 1941, une bibliothèque francophone et la paroisse française Saint-Jean-Baptiste. L’AHFV a placé une plaque à l’entrée de la maison pour rappeler ce fait français.
L’avenue Lotbinière longe le parc de la Maison du gouvernement de Victoria, nommée ainsi en l’honneur du Français Henri-Gustave Joly de Lotbinière (1829-1908), 7e lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique de 1900 à 1906. Près de l’entrée du parc, une plaque le commémore au croisement de l’avenue Rockland et du croissant Joan, au pied d’un noyer centenaire qu’il planta lui-même.
Le cimetière Ross Bay, ouvert en 1873, est typique dans son style de l’ère victorienne, et riche en histoire. Parmi les tombes figurent celles de Sir James Douglas (1803-1877), premier gouverneur de la Colombie-Britannique et d’autres pionniers francophones dont les quatre sœurs pionnières de Sainte-Anne, le père belge Auguste Brabant, Josette Legacé, etc.
L’église Saint-Jean-Baptiste – Dans les années 50, le Club canadien-français réunit les fonds nécessaires pour l’achat d’une petite église anglicane désaffectée, avec pour but de créer une paroisse catholique francophone. Ainsi naquit en 1958 la paroisse française, lieu de culte et de rencontre pour la communauté francophone. Voir les deux plaques commémoratives sur la porte extérieure.
Jour 3 : Victoria ouest
Au-delà de la rivière Gorge, découvrez le territoire ancestral de la Première Nation Songhee, la Base des Forces canadiennes Esquimalt, une institution bilingue, ainsi que la ville d’Esquimalt où les pionniers francophones ont laissé des traces. Vous y verrez :
- L’École Victor Brodeur, 637 Head Street, lieu de rencontre et d’activités en français avec, près de l’entrée, une plaque commémorative sur son histoire.
- Le parc commémoratif d’Esquimalt (1229 Esquimalt Street) est en partie l’ancien site de la mission catholique Saint-Joseph, fondée en 1858 par les pères Oblats, un ordre de missionnaires venus de France. En 2012, à l’occasion de son 100e anniversaire, la ville d’Esquimalt a inauguré dans le parc un sentier de marche en briques commémoratives dans lesquelles, à la suggestion de l’AHFV, ont été inclus les noms de personnes et d’associations francophones. La Société francophone de Victoria y organise parfois la Saint-Jean-Baptiste, fête nationale des Canadiens français.
- Le Musée naval et militaire de la BFC Esquimalt (Base Naden, Admirals Road). En 1973, l’édifice no 20 (site actuel des archives) devint la première école francophone pour les enfants des militaires. Surnommée « la petite école rouge » ce bâtiment fut auparavant l’ancienne résidence du contre-amiral Victor G. Brodeur (1892-1976), d’origine québécoise.
Pour d’autres attractions historiques et culturelles à Victoria, mais aussi des idées d’activités de plein air et/ou en famille, et des suggestions de restaurants et d’hébergements où vous recevrez un service en français, visitez notre circuit :
Explorez Victoria dans tous les sens : Au nord de Victoria, quelques autres découvertes, liées à l’histoire et à la culture des francophones, vous attendent sur la côte est de l’île, le long de la Transcanadienne, près de Duncan et à Nanaimo.
Jour 4 : Duncan
À 61 km de Victoria, Duncan, que l’on surnomme « La Cité des Totems » est le centre de la Cowichan Valley où vivent des milliers d’Amérindiens. Plus de 80 mâts totémiques décorent les rues de la ville.
Voici, très proches l’un de l’autre, trois sites à visiter à environ 7 km à l’est du centre-ville de Duncan :
L’église du Beurre et son cimetière – Le Père Pierre Rondeault établit une mission pour la nation Cowichan en 1858. En 1870, aidé par des travailleurs autochtones, il construisit une église de pierres sur la colline Comiaken située sur leur réserve. Elle est connue comme « l’église du beurre » car le père finança sa construction en vendant le beurre qu’il fabriquait avec le lait de ses vaches. Abandonnée au bout de 10 ans, et souvent dévalisée, elle développa une réputation de site hanté parmi les Autochtones.
L’église Sainte Anne – L’église de bois originale, qui remplaça dans la région l’église de beurre, fut construite par le Père Pierre Rondeault en 1890, détruite par un incendie en 1902, et la structure actuelle fut construite en 1903. Le père Rondeault décéda en 1900 et est enterré sous la petite chapelle à l’arrière de Sainte-Anne dont la plus vieille tombe dans le cimetière de l’église remonte à 1891. L’église est toujours en service.
La Ferme Providence – En 1864, les Soeurs pionnières de Sainte-Anne achetèrent une ferme de 400 acres qui devint tour à tour pensionnat, orphelinat et école externe, pouvant accueillir jusqu’à 100 jeunes en 1950. L’école fut fermée en 1964, et l’enseignement fut transféré plus loin sur la même rue, à l’école actuelle Queen of Angels. Depuis 1979, le site est une ferme biologique active et thérapeutique, reconnue comme « centre communautaire rural ».
Pour en savoir plus sur la culture du peuple Cowichan, une visite s’impose au Centre culturel autochtone de Duncan, le Quw’utsun’ Cultural & Conference Centre.
Situé dans un joli parc, le centre présente une galerie d’art autochtone, des films, des démonstrations artisanales et culturelles, des tours d’interprétation guidés, un restaurant traditionnel et une boutique qui illustre la vitalité artistique des Cowichans.
Jour 5 : Nanaimo
Située à environ 50 km au nord de Duncan, Nanaimo est la 2e plus grande ville de l’Île avec un peu plus de 92 000 habitants, dont environ 1.4% sont des Francophones. Son nom est d’origine autochtone et signifie « lieu de rassemblement ».
Au centre-ville, surplombant la promenade du front de mer et la marina, vous pourrez voir et visiter Le Bastion de la Compagnie de la Baie d’Hudson : Construit entre 1853 et 1855 par les Canadiens français, Jean-Baptiste Fortier et Léon Labine, pour le compte de la Compagnie de la Baie d’Hudson, ce fort est ouvert tous les jours, du mois de mai jusqu’à la Fête du Travail. La cérémonie du tir au canon a lieu tous les jours à midi, lorsque le Bastion, qui abrite aujourd’hui une partie du musée de Nanaimo, est ouvert.
À Nanaimo, la vitalité de la communauté francophone actuelle est bien tangible à L’Association des francophones de Nanaimo.
Ce lieu de rencontre organise toutes sortes d’activités socioculturelles ainsi que des évènements annuels comme le Maple Sugar Festival du Sucre d’Érable, la Fête de la Saint Jean-Baptiste, l’Épluchette de blé d’Inde etc.
Ne quittez pas Nanaimo sans une petite visite au Nanaimo Museum – 100 Museum Way : pour découvrir la ville sous tous ses angles : son histoire, sa culture, son développement économique à travers de petites, mais très bien faites, expositions sur le peuple autochtone de la région, l’époque des pionniers, son chinatown, et le développement de l’industrie forestière et minière.
Si vous prévoyez prolonger votre escapade et découvrir le nord de l’île, vous pourrez aller visiter à Campbell River la 3ème association francophone de l’île L’Association francophone de Campbell River – 891, 13e Avenue : lieu de rendez-vous des Francophones de la région, l’AFCR organise régulièrement des activités comme des repas communautaires, des randonnées pédestres, des voyages en groupes, et plusieurs évènements annuels dont l’Épluchette de blé d’Inde en août, la Fête des Rois en janvier, etc.
S’il vous reste du temps, allez visiter le Museum at Campbell RIver pour découvrir l’histoire l’histoire et la culture des Premières Nations de la région.
Pour bien organiser votre visite sur l’Île de Vancouver, et profiter au maximum de toutes ses attractions culturelles et naturelles, consultez notre guide en français.
Pour trouver des hébergements, restaurants, services, commerces et attractions qui vous offriront des services en français à travers l’Île, explorez notre répertoire à l’adresse suivante : http://tourisme-cb.com/entreprise-map/
Et pour en savoir plus sur l’histoire des francophones en Colombie-Britannique, découvrez le nouveau site web de la Société historique francophone de la Colombie-britannique.